
Tu sais ce que ça fait, d’être insatisfait de ses personnages ? Moi oui. Pendant un bon moment, moi aussi, je butais contre un mur. Malgré tout l’amour et l’attention que je portais à mes fiches personnages et aux traits de caractères, quelque chose clochait. Imagine ma frustration : je voulais tellement donner vie à ces créations, leur donner une étincelle unique… et pourtant, ils finissaient par avoir cette même petite saveur fade. Impossible de coucher sur le papier les personnages exceptionnels que j’imaginais.
Mais je me suis accroché, et j’ai trouvé mes solution ! Et si je te disais que toi aussi, tu peux transformer tes personnages pour qu’ils deviennent vibrants et mémorables ? Aujourd’hui, je te partage l’une des ressources qui m’a le plus apporté : le cours magistral de Brandon Sanderson sur les personnages !
Et pour ceux qui préfèrent le format vidéo :
Tu es pressé ? Va directement à l’infographie récapitulative.
Salut ! Je suis ravi de te retrouver aujourd’hui pour un article qui représente des heures de travail acharné : le condensé captivant du cours magistral de Brandon Sanderson (ou Brando Sando pour les intimes) axée sur la caractérisation des personnages.

Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec le nom de ce grand homme 🙇, Brandon Sanderson se profile comme l’un des auteurs les plus éminents de la fiction contemporaine, notamment dans le domaine de la Fantasy. Actuellement, il se consacre à son magnum Opus : la création des Archives de Roshar, ma saga Fantasy préférée !
Cet article résume l’essentiel de ce cours qui dure 1h10. Si tu souhaites approfondir tes connaissances et que tu te sens à l’aise avec l’anglais, je te recommande vivement de visionner directement la version originale !
Et sinon, on est parti pour rendre nos personnages exceptionnels !

Si tes lecteurs ne s’attachent pas à tes personnages, tout le reste devient fade. Que ce soit le monde que tu as créé, les éléments de magie, ou même les scènes de combat palpitantes, leur intérêt repose en grande partie sur le lien émotionnel que les lecteurs développent avec les personnages.
Prenons l’exemple des lieux : leur importance réside dans les défis qu’ils présentent aux personnages et les aventures uniques qu’ils offrent. C’est à travers les yeux de tes protagonistes que le lecteur découvre et s’immerge pleinement dans ton univers.
Voici maintenant les méthodes de Brandon Sanderson pour susciter l’affection envers ses personnages. Alors voici les trois piliers dont il parle, et comment les intégrer :
Établis l’empathie dès le début de l’histoire.
Ce que veut le personnage doit intéresser le lecteur.
Fais comprendre au lecteur que ton personnage va ou doit évoluer.

Personnages secondaires ou principaux, chaque rôle a son importance. Avec ces trois points, tu disposes de multiples méthodes pour faire aimer un personnage. Tu as le choix : intégrer tous ces éléments, ou opter pour un seul pilier, mais le peaufiner jusqu’à la perfection.
Brando Sando adopte une approche originale pour s’assurer de l’harmonie entre ses personnages et son intrigue. Pour chaque personnage envisagé, il évalue minutieusement s’il trouve sa place dans le récit. Si c’est le cas, parfait ! Sinon, il change de personnage jusqu’à atteindre la cohérence désirée : c’est le casting de personnages !
Tu peux caractériser tes personnages avec ces trois curseurs essentiels, chacun lié à l’un des trois piliers :

Chaque personnage a sa position unique sur chacun de ces curseurs. En identifiant ces positions, tu obtiens un aperçu de la nature du personnage. Ils te fournissent une vision rapide d’un personnage et de son évolution tout au long du roman.
Et oui ! Ces curseurs flexibles et ne sont jamais gravés dans la pierre ! L’emplacement des curseurs peut se déplacer au gré des péripéties et des transformations du personnage. Bien que ce ne soit pas une nécessité, de nombreux lecteurs sont davantage captivés par des personnages en constante évolution.

Tu vois l’idée ; il n’y a pas que la position qui importe, mais l’évolution de ces curseurs au fil de l’histoire. Tu dois réfléchir à tes personnages, à l’histoire que tu veux raconter et au rôle des personnages dans cette histoire.

Au début de Star Wars (épisode IV), le personnage de Luc s’appuie sur l’empathie, Leila sur sa motivation (elle veut sauver la galaxie), et Han sur la compétence (même si on voit ensuite qu’il l’exagère).
Dans une autre veine, Brando Sando pense Spider-Man est si populaire parmi tous les super héros parce qu’on l’établi d’abord en jouant sur l’empathie, et ensuite on lui donne la compétence et proactivité. On voit en quelque sort Frodon devenir Aragorn, et c’est une histoire très puissante.
Les histoires marchent grâce à un sens de progression. Il faut donc choisir : à quel point le changement des personnages doit-il être important dans l’intérêt qu’aura mon histoire ?
Alternativement, on peut y aller juste avec de super personnages iconiques et qui vont accomplir des choses hors norme !

Souvent, au début, on va montrer une différence entre ce que le personnage veut et ce dont il a besoin.
Par exemple, Spider-Man veut être célèbre et cool ; il a besoin en réalité de réaliser que de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités et qu’il doit changer ses motivations
Brandon Sanderson a encore récidivé et rajouté toujours plus de lois. Cette fois-ci, il nous donne deux lois pour ne pas rater son personnage.
Il est essentiel d’établir clairement la motivation du personnage, et s’assurer qu’il n’aille pas contre. Le lecteur ne pardonnera pas les incohérences.
Attention : il est dangereux de n’avoir qu’une seule motivation pour un personnage. Si le personnage est toujours dans le même état émotionnel et qu’il ne fait aucun progrès vers son unique objectif, il va vite devenir lassant, voire énervant.

Dans la série Lost, le personnage de Michael a un fils et essaye d’être un meilleur père. Sur le papier, on a tout pour un personnage qu’on aime. Pourtant, tous les spectateurs le détestent. Pourquoi ? Il n’a qu’une motivation. Son fils se fait enlever par une organisation mystérieuse ; ensuite, à chaque fois que les personnages discutent, Michael est en mode « MON FILS, OÙ EST MON FILS ? ». En fait, il ne fait plus que ça de toute la saison. C’est toujours la même chose alors les gens ont fini par le détester.
Inversement, un autre personnage était beaucoup plus sympathique aux yeux des spectateurs était Charlie. Il n’aurait pas dû l’être : c’était un toxicomane, toujours à la recherche de plus de drogues. Mais sa proactivité et son évolution dans la saison lui ont fait gagner le cœur des spectateurs.
Étudie les situations où tu sens que tu devrais aimer un personnage, mais que tu n’y arrives pas ; ou alors quand tu es davantage intéressé par un antagoniste et que le protagoniste t’ennuie. Demande-toi pourquoi. Et demande-toi en quoi c’est lié au trois piliers : l’empathie, l’intérêt et l’évolution.

Tu dois utilise ses défauts, handicaps, limitations et excentricités de façon à les faire aller de pair avec l’un des trois piliers pour faire aimer un personnage. Tu dois créer un lien fort entre les limites du personnage sa motivation et l’intrigue.
Demande-toi comment les défauts, limites et handicaps créent de la motivation pour le personnage et comment ça aide à façonner l’intrigue. La plupart des histoires vont frapper les personnages là où ils ont des défauts, limites et handicaps ; et les conflits vont naître de cela.
Pense à un personnage qui collectionne les timbres dans une histoire action et aventure. À priori, pas de rapport avec l’histoire. Mais si tu le vois faire de gros efforts pour obtenir un timbre, et que tu montres qu’il fait ça parce qu’il ne peut pas voyager (maladie, handicap, manque d’argent), mais qu’il adorerait, tu établis déjà beaucoup d’empathie et une partie de la motivation.

Ensuite, s’il est invité en Argentine malgré son handicap, et qu’il lui manque justement le timbre de l’Argentine, alors là OK : ce sera crédible qu’il parte dans une folle aventure. Quand une excentricité créer un lien fort entre limites du personnage, motivation et histoire, ça le rend beaucoup plus intéressante.
Voilà ; il te suffit de faire la même chose pour les défauts, limitations et handicaps !
Le cours s’est terminé sur une série de questions d’étudiants ; je vous en ai aussi fait la compilation − même si je reformule moins. Pas besoin de me dire merci 😉
Les trois piliers pour faire aimer ses personnages, les deux lois… Comment applique-t-on cela avec plusieurs personnages ? Brando Sando donne plusieurs pistes de réponse.


Réponse d’un auteur de Fantasy : ajoute un point de vue ! Mais ça ne correspond pas à tous les genres, bien sûr !

Brandon Sanderson conseille de Hang a lantern on it. C’est un terme anglais qui signifie : mettre en lumière la chose qui cloche, au lieu de la cacher. Mettre en lumière la chose qui à l’air bancale, pour indiquer au lecteur : ce n’est pas un défaut. C’est voulu, et je reviendrais dessus. Pas de soucis. Et le lecteur pourra simplement se dire : « Très bien, c’est important, je l’ai vu, je suis intelligent, on y reviendra plus tard. Parfait. »
Ça devient difficile avec un narrateur peu digne de confiance. Le personnage se méprend sur une situation (par exemple Mat_Cauthon de Wheel of Time, de façon humoristique) et le lecteur est censé comprendre mieux la situation. Cela créera un comique dramatique ; et même si c’est très difficile à faire marcher, le résultat en vaut le coup !
Imagine que tu regardes un film, où un gars s’engueule avec sa copine à propos de thunes. Il passe à côté d’une cabine téléphonique et voit un gorille à l’intérieur. Et il continue de discuter avec sa copine comme si de rien n’était.
Ça attire l’attention du lecteur à tel point que leur esprit n’arrête pas de revenir à ce fait, l’empêchant de se concentrer sur la suite de l’histoire. « Attend QUOI ? Il y avait un gorille dans la cabine téléphonique ??! ».

Une fois qu’on a vu le gorille, c’est tellement irréconciliable avec l’histoire que tu pensais suivre que tu es largué. Ça arrive si le lecteur pense que l’auteur a fait une grosse erreur ou a oublié quelque chose d’important. Ça peut aussi arriver quand tu tease trop quelque chose, sans donner assez d’infos dessus.

Il y aura des différences de voix entre un personnage avec un doctorat et un bandit des rues. De façon évidente, l’un parlera plus soutenu et l’autre plus familièrement. Mais, bien que ce soit pertinent, il ne faut pas s’arrêter là. Qui ils sont doit davantage impacter leurs discours. Par exemple, s’ils se disputent :
Essaye d’écrire des dialogues qui marchent sans descriptions et sans indiquer qui parle. Une scène avec 3 ou 4 personnes.
Si on comprend bien la scène, alors tu peux être sûr tes personnages ont une voix unique ! Quand un personnage fait une métaphore sur le travail de l’acier, et l’autre sur des livres qui brûlent, tu y es !

Ne laisse pas les descriptions faire tout le travail. Regarde la différence entre :
On dit la même chose, mais la deuxième façon est plus immersive. Plus crédible. Et si tu écris les dialogues à l’instinct, tu auras souvent le 1er type. Si tu peux couper ce « colérique » pour le remplacer par une phrase qui signifie la même chose, c’est parfait !
Brandon Sanderson va même jusqu’à dire que c’est la compétence à travailler en priorité pour un auteur : arriver à définir les personnages à travers des dialogues percutants et des indices contextuels que tout le monde comprend, c’est faire mieux que 99 % des gens qui proposent des livres à des éditeurs ou qui autopublient. Et tu vas vendre beaucoup de livres !

Ça dépend du type de méchant que tu veux. Un méchant bas en sympathie, mais HAUT dans les 2 autres curseurs sera différent d’un méchant que tu caractérises juste un peu.
Un méchant iconique comme Sauron est très différent d’un autre qui change et lutte comme Golum. Ce dernier change en sympathie et proactivité au cours de l’histoire. Pas Sauron.
Mais si tu veux des motivations d’antagoniste qui font sens, tu devras travailler davantage que pour un méchant comme Sauron. Par exemple Golum : il a une motivation claire : avoir l’anneau. Il a été corrompu par lui, et il ne sait pas vraiment pourquoi il le veut, mais IL LE VEUT. Alors il fait des allers-retours, avance dans la bonne direction, puis régresse… C’est ça qui le rend intéressant.
Brandon Sanderson trouve intéressant de séparer antagoniste et méchant.
Et pour avoir un méchant avec qui on empathies : donne-lui une motivation crédible et cohérente, tout comme celle du héros ! Et fais en sorte que ce soit contradictoire, d’une façon ou d’une autre, avec ce que veut le héros.

Tu peux le montrer en train de n’être ni méchant ni bon ; ET le mettre en travers de la route du héros.
Par exemple, Javert poursuit Jean Valjean parce que c’est son métier. Il n’est pas volontairement méchant, mais ne montre aucune pitié non plus. Donc on ne l’aime pas, jusqu’à ce qu’on l’humanise un peu.
(OUI, c’est l’exemple que prend Brando Sando. J’étais étonné de retrouver mes cours de français 😅)
Première façon de faire : montre le personnage principal en train d’être proactif dans quelque chose qui n’a rien à voir avec l’intrigue globale. Tu va montrer ce dont il a vraiment besoin, tout en faisant dire/penser à ton personnage : non, je n’ai PAS besoin de ça !
Autre façon de faire : avoir un autre personnage, auquel le lecteur fait confiance, qui dit au 1er personnage la vérité. Fais en sorte que le lecteur empathies avec cela et que l’on comprenne que le personnage va apprendre et changer.

Et oui, c’est déjà fini ! Enfin, tu as eu une sacrée lecture, tout de même ! Si tu veux être tenu au courant quand je publierais le résumé de la deuxième partie de son cours, inscris-toi à ma newsletter ci-dessous !
Et enfin, je te laisse avec l’infographie récapitulative, pour t’aider à appliquer directement ces conseils dans tes romans.
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Béatrice S. says:
Merci pour cet article Lorenzo ! J’ai trouvé la réponse à une question que je me posais concernant les dialogues : moins il y a de description + c’est percutant ! Super 🙂
Lorenzo VILLARD says:
Ouais, les conseils de Brandon Sanderson c’est du lourd ! 😁