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Tu sais ce que ça fait, dâĂȘtre insatisfait de ses personnages ? Moi oui. Pendant un bon moment, moi aussi, je butais contre un mur. MalgrĂ© tout l’amour et l’attention que je portais Ă mes fiches personnages et aux traits de caractĂšres, quelque chose clochait. Imagine ma frustration : je voulais tellement donner vie Ă ces crĂ©ations, leur donner une Ă©tincelle unique… et pourtant, ils finissaient par avoir cette mĂȘme petite saveur fade. Impossible de coucher sur le papier les personnages exceptionnels que jâimaginais.
Mais je me suis accrochĂ©, et jâai trouvĂ© mes solution ! Et si je te disais que toi aussi, tu peux transformer tes personnages pour quâils deviennent vibrants et mĂ©morables ? Aujourdâhui, je te partage lâune des ressources qui mâa le plus apportĂ© : le cours magistral de Brandon Sanderson sur les personnages !
Et pour ceux qui préfÚrent le format vidéo :
Tu es pressĂ©â? Va directement Ă lâinfographie rĂ©capitulative.
DĂ©cryptage dâune Masterclass pour des personnages exceptionnels
Salut ! Je suis ravi de te retrouver aujourd’hui pour un article qui reprĂ©sente des heures de travail acharnĂ© : le condensĂ© captivant du cours magistral de Brandon Sanderson (ou Brando Sando pour les intimes) axĂ©e sur la caractĂ©risation des personnages.
Brando quiâ?
Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec le nom de ce grand homme đ, Brandon Sanderson se profile comme l’un des auteurs les plus Ă©minents de la fiction contemporaine, notamment dans le domaine de la Fantasy. Actuellement, il se consacre Ă son magnum Opus : la crĂ©ation des Archives de Roshar, ma saga Fantasy prĂ©fĂ©rĂ©e !
La vidéo originale (en anglais)
Cet article rĂ©sume l’essentiel de ce cours qui dure 1h10. Si tu souhaites approfondir tes connaissances et que tu te sens Ă l’aise avec l’anglais, je te recommande vivement de visionner directement la version originale !
Et sinon, on est parti pour rendre nos personnages exceptionnels !
Créer une Connexion Puissante entre Tes Personnages et Tes Lecteurs
Pourquoiâ?
Si tes lecteurs ne s’attachent pas Ă tes personnages, tout le reste devient fade. Que ce soit le monde que tu as crĂ©Ă©, les Ă©lĂ©ments de magie, ou mĂȘme les scĂšnes de combat palpitantes, leur intĂ©rĂȘt repose en grande partie sur le lien Ă©motionnel que les lecteurs dĂ©veloppent avec les personnages.
Prenons l’exemple des lieux : leur importance rĂ©side dans les dĂ©fis qu’ils prĂ©sentent aux personnages et les aventures uniques qu’ils offrent. C’est Ă travers les yeux de tes protagonistes que le lecteur dĂ©couvre et s’immerge pleinement dans ton univers.
Les Trois Piliers pour des Personnages MĂ©morables
Voici maintenant les mĂ©thodes de Brandon Sanderson pour susciter l’affection envers ses personnages. Alors voici les trois piliers dont il parle, et comment les intĂ©grer :
Lâempathie
Ătablis l’empathie dĂšs le dĂ©but de l’histoire.
- Dépeindre des relations positives : Montre des personnages qui aiment ton protagoniste, car un personnage aimé sera plus susceptible de plaire naturellement au lecteur.
- CrĂ©er une identification facile : Favorise une connexion en permettant au lecteur de s’identifier au personnage. Montre-le vivre des expĂ©riences humaines, universelles ou spĂ©cifiques, dans lesquelles ton lecteur pourra se retrouver.
- Montrer la gentillesse : Applique le principe de SaveTheCat. Si ton personnage accomplit un geste altruiste ou gentil dĂšs le dĂ©but de l’histoire, le lecteur sera enclin Ă l’apprĂ©cier. Cette simplicitĂ© est souvent trĂšs efficace pour susciter de l’empathie.
LâintĂ©rĂȘt
Ce que veut le personnage doit intéresser le lecteur.
- Révéler ses désirs et motivations profondes : Explore ce que le personnage veut, quelles sont ses motivations et ambitions.
- CrĂ©er des obstacles et des tensions : Pour piquer l’intĂ©rĂȘt du lecteur, montre pourquoi le personnage ne peut pas atteindre ces dĂ©sirs. Introduis des dĂ©fauts, des handicaps ou des conflits internes. C’est lĂ que l’intrigue devient captivante grĂące Ă la tension crĂ©Ă©e.
- Ătablir un lien avec l’intrigue : Relie le personnage Ă l’intrigue de maniĂšre significative. Par exemple, dans Star Wars, Luke Skywalker se moque de l’intrigue jusqu’Ă ce que l’Empire tue ses parents. Et lĂ , ça devient personnel.
LâĂ©volution
Fais comprendre au lecteur que ton personnage va ou doit Ă©voluer.
- Montre un dĂ©faut de ton personnage : Brandon Sanderson dĂ©crit plus loin dans lâarticle comment mettre en Ă©vidence les traits de caractĂšre problĂ©matiques et comment cela enrichit l’arc narratif du protagoniste.
- Engage-le dans un voyage : Assure-toi d’introduire un conflit interne ou des motivations qui garantissent que ce voyage ne le laissera pas inchangĂ©, renforçant ainsi son rĂŽle dans l’histoire.
- Ajoute une touche de mystĂšre ou une interrogation : Quelles relations influenceront sa transformation? Va-t-il rĂ©ussir Ă devenir celui qu’il se sent ĂȘtre ? Quels Ă©lĂ©ments de son background influenceront le chemin qu’il emprunte ? Qu’est-ce qui va changer en lui ?
Mise en Pratique
Personnages secondaires ou principaux, chaque rĂŽle a son importance. Avec ces trois points, tu disposes de multiples mĂ©thodes pour faire aimer un personnage. Tu as le choix : intĂ©grer tous ces Ă©lĂ©ments, ou opter pour un seul pilier, mais le peaufiner jusqu’Ă la perfection.
Lâastuce de Brando Sando pour des Personnages Harmonieux
Brando Sando adopte une approche originale pour sâassurer de l’harmonie entre ses personnages et son intrigue. Pour chaque personnage envisagĂ©, il Ă©value minutieusement s’il trouve sa place dans le rĂ©cit. Si c’est le cas, parfait ! Sinon, il change de personnage jusqu’Ă atteindre la cohĂ©rence dĂ©sirĂ©e : câest le casting de personnages !
Des Curseurs pour Caractériser
Tu peux caractĂ©riser tes personnages avec ces trois curseurs essentiels, chacun liĂ© Ă lâun des trois piliers :
- Sympathique : Il s’agit de l’empathie que le lecteur ressent envers ton personnage.
- Proactif : C’est la motivation de ton personnage et son dĂ©sir d’agir. Une forte motivation se traduit par une plus grande proactivitĂ© dans l’histoire.
- CompĂ©tent : OĂč se situe ton personnage sur son chemin d’apprentissage ? S’il a des ambitions ou des responsabilitĂ©s, il peut commencer avec un niveau de compĂ©tence plus bas et Ă©voluer au fil de l’histoire.
DĂ©fini tes personnages Ă lâaide des curseurs
Chaque personnage a sa position unique sur chacun de ces curseurs. En identifiant ces positions, tu obtiens un aperçu de la nature du personnage. Ils te fournissent une vision rapide d’un personnage et de son Ă©volution tout au long du roman.
Et oui ! Ces curseurs flexibles et ne sont jamais gravĂ©s dans la pierre ! L’emplacement des curseurs peut se dĂ©placer au grĂ© des pĂ©ripĂ©ties et des transformations du personnage. Bien que ce ne soit pas une nĂ©cessitĂ©, de nombreux lecteurs sont davantage captivĂ©s par des personnages en constante Ă©volution.
Exemples dâarchĂ©types
- Un protagoniste que lâon retrouve souvent est celui qui est trĂšs sympathique, mais peu compĂ©tent et proactifâ; et qui va gagner ces deux choses au cours de lâaventure.
- Un personnage de moins en moins sympathique aux yeux du lecteur peut aussi ĂȘtre trĂšs intĂ©ressant.
- Le jeune hĂ©ros qui doit ĂȘtre quâon doit remuer pour le pousser Ă adhĂ©rer Ă lâaventure (peu de proactivitĂ©), mais qui est sympathique au lecteur.
- Le mentor trÚs compétent, mais en général moins sympathique que le héros et dans lequel le lecteur se reconnaßt moins.
- Le hĂ©ros iconique : ne change pas, ou trĂšs peu. Sa position sur ces curseurs reste identique : pense Ă James Bond, ou Sherlock Holmes⊠En gĂ©nĂ©ral, ce personnage aura un ou plusieurs curseurs au maximum â si bien quâil ne peut plus Ă©voluer en mieuxâ!
Tu vois lâidĂ©eâ; il nây a pas que la position qui importe, mais lâĂ©volution de ces curseurs au fil de lâhistoire. Tu dois rĂ©flĂ©chir Ă tes personnages, Ă lâhistoire que tu veux raconter et au rĂŽle des personnages dans cette histoire.
Des exemples concrets
Au dĂ©but de Star Wars (Ă©pisode IV), le personnage de Luc sâappuie sur lâempathie, Leila sur sa motivation (elle veut sauver la galaxie), et Han sur la compĂ©tence (mĂȘme si on voit ensuite quâil lâexagĂšre).
Dans une autre veine, Brando Sando pense Spider-Man est si populaire parmi tous les super hĂ©ros parce quâon lâĂ©tabli dâabord en jouant sur lâempathie, et ensuite on lui donne la compĂ©tence et proactivitĂ©. On voit en quelque sort Frodon devenir Aragorn, et câest une histoire trĂšs puissante.
Choisir son histoire
Les histoires marchent grĂące Ă un sens de progression. Il faut donc choisir : Ă quel point le changement des personnages doit-il ĂȘtre important dans lâintĂ©rĂȘt quâaura mon histoireâ?
Alternativement, on peut y aller juste avec de super personnages iconiques et qui vont accomplir des choses hors normeâ!
Conseil supplĂ©mentaire sur lâhistoire et les personnages
Souvent, au début, on va montrer une différence entre ce que le personnage veut et ce dont il a besoin.
Par exemple, Spider-Man veut ĂȘtre cĂ©lĂšbre et coolâ; il a besoin en rĂ©alitĂ© de rĂ©aliser que de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilitĂ©s et quâil doit changer ses motivations
Les lois de Brandon Sanderson
Brandon Sanderson a encore récidivé et rajouté toujours plus de lois. Cette fois-ci, il nous donne deux lois pour ne pas rater son personnage.
1re loi : Ă©tablir la motivation
Il est essentiel dâĂ©tablir clairement la motivation du personnage, et sâassurer quâil nâaille pas contre. Le lecteur ne pardonnera pas les incohĂ©rences.
Attention, dangerâ!
Attention : il est dangereux de nâavoir quâune seule motivation pour un personnage. Si le personnage est toujours dans le mĂȘme Ă©tat Ă©motionnel et quâil ne fait aucun progrĂšs vers son unique objectif, il va vite devenir lassant, voire Ă©nervant.
Dans la sĂ©rie Lost, le personnage de Michael a un fils et essaye dâĂȘtre un meilleur pĂšre. Sur le papier, on a tout pour un personnage quâon aime. Pourtant, tous les spectateurs le dĂ©testent. Pourquoiâ? Il nâa quâune motivation. Son fils se fait enlever par une organisation mystĂ©rieuseâ; ensuite, Ă chaque fois que les personnages discutent, Michael est en mode «âMON FILS, OĂ EST MON FILSâ?â». En fait, il ne fait plus que ça de toute la saison. Câest toujours la mĂȘme chose alors les gens ont fini par le dĂ©tester.
Inversement, un autre personnage Ă©tait beaucoup plus sympathique aux yeux des spectateurs Ă©tait Charlie. Il nâaurait pas dĂ» lâĂȘtre : câĂ©tait un toxicomane, toujours Ă la recherche de plus de drogues. Mais sa proactivitĂ© et son Ă©volution dans la saison lui ont fait gagner le cĆur des spectateurs.
Exercice
Ătudie les situations oĂč tu sens que tu devrais aimer un personnage, mais que tu nây arrives pasâ; ou alors quand tu es davantage intĂ©ressĂ© par un antagoniste et que le protagoniste tâennuie. Demande-toi pourquoi. Et demande-toi en quoi câest liĂ© au trois piliers : lâempathie, lâintĂ©rĂȘt et lâĂ©volution.
2e loi : défauts, limites et handicaps
Petites définitions
- DĂ©faut : problĂšme que le personnage aurait dĂ©jĂ dĂ» rĂ©gler, et quâil va soit devoir arranger, soit qui va causer sa chute.
- Handicap : quelque chose qui nâest pas de la faute du personnage, mais qui devra ĂȘtre dĂ©passĂ©.
- Limitation : quelque chose qui ne doit pas ĂȘtre changĂ© ou dĂ©passĂ©. Le personnage pourrait peut-ĂȘtre changer ça, mais en tant quâauteur, tu nâas pas envie.
- Excentricité : trait du personnage peu commun.
Utiliser tout ça
Tu dois utilise ses dĂ©fauts, handicaps, limitations et excentricitĂ©s de façon Ă les faire aller de pair avec lâun des trois piliers pour faire aimer un personnage. Tu dois crĂ©er un lien fort entre les limites du personnage sa motivation et lâintrigue.
Demande-toi comment les dĂ©fauts, limites et handicaps crĂ©ent de la motivation pour le personnage et comment ça aide Ă façonner lâintrigue. La plupart des histoires vont frapper les personnages lĂ oĂč ils ont des dĂ©fauts, limites et handicapsâ; et les conflits vont naĂźtre de cela.
Exemple avec une excentricité
Pense Ă un personnage qui collectionne les timbres dans une histoire action et aventure. Ă priori, pas de rapport avec lâhistoire. Mais si tu le vois faire de gros efforts pour obtenir un timbre, et que tu montres quâil fait ça parce quâil ne peut pas voyager (maladie, handicap, manque dâargent), mais quâil adorerait, tu Ă©tablis dĂ©jĂ beaucoup dâempathie et une partie de la motivation.
Ensuite, sâil est invitĂ© en Argentine malgrĂ© son handicap, et quâil lui manque justement le timbre de lâArgentine, alors lĂ OK : ce sera crĂ©dible quâil parte dans une folle aventure. Quand une excentricitĂ© crĂ©er un lien fort entre limites du personnage, motivation et histoire, ça le rend beaucoup plus intĂ©ressante.
VoilĂ â; il te suffit de faire la mĂȘme chose pour les dĂ©fauts, limitations et handicapsâ!
Les questions des Ă©tudiants
Le cours sâest terminĂ© sur une sĂ©rie de questions dâĂ©tudiantsâ; je vous en ai aussi fait la compilation â mĂȘme si je reformule moins. Pas besoin de me dire merci đ
Comment gĂ©rer tout ça avec plusieurs personnagesâ?
Les trois piliers pour faire aimer ses personnages, les deux lois⊠Comment applique-t-on cela avec plusieurs personnagesâ? Brando Sando donne plusieurs pistes de rĂ©ponse.
- Ăa dĂ©pend du temps quâon accorde Ă chaque personnageâ; plus on a de temps, plus on peut ĂȘtre subtil et dĂ©taillĂ©.
- Brandon Sanderson regarde les points de friction entre les Ă©lĂ©ments du cadre, ou entre le cadre et lâintrigueâ; et il met un personnage lĂ .
- Chaque personnage principal a plusieurs motivations et se trouve quelque part sur les trois Ă©chelles.
- Se demander ce que ces personnages essayaient dâaccomplir avant que lâintrigue ne bouleverse leur quotidien, ce quâils vont faire une fois que lâintrigue est lĂ . Il faut aussi sâassurer que les personnages ont une connexion avec lâintrigue.
- Câest beaucoup plus simple avec diffĂ©rents points de vues internes â ne pas rester sur la perspective interne dâun seul personnage.
Aparté : détailler un personnage et éviter les clichés
- Lâune des meilleures façons dâĂ©crire un personnage qui ait lâair rĂ©el est de ne pas lâĂ©crire comme un rĂŽle. Ne pas se dire : ça, câest le hĂ©ros, donc il doit avoir ça. Elle câest lâintĂ©rĂȘt romantique, elle devrait ĂȘtre comme çaâŠ
- Ă la place, penser chaque personne comme le protagoniste de sa propre histoire. Chaque personnage se voit comme le personnage principal : ils ont des passions, rĂȘves, espoirs⊠Toutes ces choses qui auraient quand mĂȘme existĂ©, mĂȘme si lâhistoire ne leur Ă©tait pas tombĂ©e dessusâ!
- Cela Ă©tant dit, moins tu accordes de temps Ă un personnage, plus câest dur dâen faire autre chose quâun rĂŽle.
- Pour un personnage auquel tu as peu de temps Ă accorder et que tu ne peux pas dĂ©velopper : donne-lui une caractĂ©ristique qui ne semble pas aller avec le clichĂ© de leur rĂŽleâ; et Ă©crire le personnage plutĂŽt comme une personnalitĂ© plutĂŽt que comme un rĂŽle.
Pourquoi choisir une motivation et pas un butâ?
- Si le but est accompli, lâhistoire est terminĂ©eâ; alors que les motivations continuent.
- Avec une motivation, il est plus simple pour lâauteur de comprendre son personnageâ; le but lui donne moins dâinformation.
- Les buts peuvent changer vite, mais motivation deviennent le cĆur de ce que le personnage est.
- Câest donc mieux en gĂ©nĂ©ral de se demander quelles sont les motivations du personnageâ; pourquoi a-t-il ce ou ces butsâ?
Si les personnage ne veulent pas faire ce quâon veut quâils fassent, comment gĂ©rer çaâ?
- En gĂ©nĂ©ral, Brandon Sanderson nâenvisage pas ses personnages ainsiâ; mais il comprend ce que lâĂ©lĂšve veut dire. Un personnage qui se dĂ©veloppe, au fil des pages, comme quelquâun qui nâa pas envie de faire ce quâon avait prĂ©vu pour lui. Ou alors, quand un personnage part sur une direction trĂšs intĂ©ressante, mais qui mâĂ©loigne du reste lâhistoire.
- Dans ce cas, il faut prendre du recul, et regarder si lâhistoire doit changer pour le personnage. Est-ce que lâhistoire est meilleure si le personnage continue sur ce cheminâ?
- Soit on rĂ©Ă©crit lâhistoire, soit on supprime le personnage et on repart de 0. Et Brando Sando fait le premier choix plus souvent, parce quâil est bon en intrigue et dĂ©cor, donc quâil peut les reconstruire de façon Ă adhĂ©rer Ă un personnage dans lequel il est vraiment intĂ©ressĂ©.
Comment faire une sorte que lâhistoire amĂšne les personnages Ă devenir ce quâils doivent ĂȘtreâ?
- Frapper les personnages lĂ oĂč ça fait mal.
- Par exemple, pour quâun personnage arrĂȘte dâĂȘtre Ă©goĂŻste, il faut montrer son Ă©goĂŻsme en train de lui causer beaucoup de tort (Ă lui ou Ă ses proches).
- Sâil doit prendre une dĂ©cision, montre-le en train dâĂ©chouer Ă la prendre et assumer les consĂ©quences.
Comment crĂ©er des personnages intĂ©ressants dont on ne voit jamais le point de vue interne si les personnages principaux ne savent pas, ne comprennent OU se mĂ©prennent sur leurs motivationsâ?
RĂ©ponse dâun auteur de Fantasy : ajoute un point de vueâ! Mais ça ne correspond pas Ă tous les genres, bien sĂ»râ!
Brandon Sanderson conseille de Hang a lantern on it. Câest un terme anglais qui signifie : mettre en lumiĂšre la chose qui cloche, au lieu de la cacher. Mettre en lumiĂšre la chose qui Ă lâair bancale, pour indiquer au lecteur : ce nâest pas un dĂ©faut. Câest voulu, et je reviendrais dessus. Pas de soucis. Et le lecteur pourra simplement se dire : «âTrĂšs bien, câest important, je lâai vu, je suis intelligent, on y reviendra plus tard. Parfait.â»
Exemple de dialogue
- Personnage A (dont on nâa pas le point de vue) : «âTu ne les comprends pas, nâest-ce pasâ?â»
- Perso principal : «âsi, jâai compris. Câest ça et ça et çaâ».
- Personnage A : «âoh, tu seras TELLEMENT embarrassĂ© dâavoir dit ça un jourâ»
Cas particulier
Ăa devient difficile avec un narrateur peu digne de confiance. Le personnage se mĂ©prend sur une situation (par exemple Mat_Cauthon de Wheel of Time, de façon humoristique) et le lecteur est censĂ© comprendre mieux la situation. Cela crĂ©era un comique dramatiqueâ; et mĂȘme si câest trĂšs difficile Ă faire marcher, le rĂ©sultat en vaut le coupâ!
Pourquoi ça peut ĂȘtre mauvais : lâhistoire du gorille dans une cabine tĂ©lĂ©phonique
Imagine que tu regardes un film, oĂč un gars sâengueule avec sa copine Ă propos de thunes. Il passe Ă cĂŽtĂ© dâune cabine tĂ©lĂ©phonique et voit un gorille Ă lâintĂ©rieur. Et il continue de discuter avec sa copine comme si de rien nâĂ©tait.
Ăa attire lâattention du lecteur Ă tel point que leur esprit nâarrĂȘte pas de revenir Ă ce fait, lâempĂȘchant de se concentrer sur la suite de lâhistoire. «âAttend QUOIâ? Il y avait un gorille dans la cabine tĂ©lĂ©phoniqueâ??!â».
Une fois quâon a vu le gorille, câest tellement irrĂ©conciliable avec lâhistoire que tu pensais suivre que tu es larguĂ©. Ăa arrive si le lecteur pense que lâauteur a fait une grosse erreur ou a oubliĂ© quelque chose dâimportant. Ăa peut aussi arriver quand tu tease trop quelque chose, sans donner assez dâinfos dessus.
Quelle partie du travail des personnages Brando Sando fait-il en relectureâ?
- La moitiĂ© du temps, il jette les 1 Ă 3 premiers chapitres dâun livre
- Ăa lui permet dâajuster les 3 curseurs comme il le faut. Il nâa lâarc narratif dĂ©finitif du personnage que vers la moitiĂ© du livreâ; dont il doit revenir en arriĂšre pour que ce soit cohĂ©rent.
- Il est tout à fait OK de réécrire son début si sa fin marche bien.
Avoir des voix de personnage bien distinctes
- Câest liĂ© Ă la capacitĂ© de crĂ©er des univers Ă travers les yeux des personnages
- Laisse lâexpĂ©rience du personnage, sa personnalitĂ© et ses motivations influence ses descriptions et ses dialogues â attention Ă pas trop en faireâ!
- Exemple de Wheel Of Time : lâune des cheffes des Aes Sedai, des magiciennes puissantesâ; elle occupe donc lâun des postes les plus importants du monde. Mais elle vient dâune famille de pĂȘcheurs. Donc elle fait tout le temps des mĂ©taphores avec des poissonsâ!
Différents milieux sociaux
Il y aura des diffĂ©rences de voix entre un personnage avec un doctorat et un bandit des rues. De façon Ă©vidente, lâun parlera plus soutenu et lâautre plus familiĂšrement. Mais, bien que ce soit pertinent, il ne faut pas sâarrĂȘter lĂ . Qui ils sont doit davantage impacter leurs discours. Par exemple, sâils se disputent :
- Le docteur aura une argumentation rhĂ©torique bien construite : «âtu as tort parce que ça, ça et ça. Tu vois Ă quel point ma logique est incontestableâ»â?
- Le bandit rĂ©pondra : «âtu as tort, parce que jâai butĂ© 3 gars comme toi. Ils sont morts, je suis vivant, donc jâai raisonâ».
Un exercice pour TOI
Essaye dâĂ©crire des dialogues qui marchent sans descriptions et sans indiquer qui parle. Une scĂšne avec 3 ou 4 personnes.
Si on comprend bien la scĂšne, alors tu peux ĂȘtre sĂ»r tes personnages ont une voix uniqueâ! Quand un personnage fait une mĂ©taphore sur le travail de lâacier, et lâautre sur des livres qui brĂ»lent, tu y esâ!
Le conseil bonus de Brando Sando
Ne laisse pas les descriptions faire tout le travail. Regarde la différence entre :
- «âje ne suis pas dâaccord avec toi, dit-il avec un ton colĂ©riqueâ»
- «âcomment oses-tuâ! dit-ilâ».
On dit la mĂȘme chose, mais la deuxiĂšme façon est plus immersive. Plus crĂ©dible. Et si tu Ă©cris les dialogues Ă lâinstinct, tu auras souvent le 1er type. Si tu peux couper ce «âcolĂ©riqueâ» pour le remplacer par une phrase qui signifie la mĂȘme chose, câest parfaitâ!
Brandon Sanderson va mĂȘme jusquâĂ dire que câest la compĂ©tence Ă travailler en prioritĂ© pour un auteur : arriver Ă dĂ©finir les personnages Ă travers des dialogues percutants et des indices contextuels que tout le monde comprend, câest faire mieux que 99 % des gens qui proposent des livres Ă des Ă©diteurs ou qui autopublient. Et tu vas vendre beaucoup de livresâ!
CrĂ©er de bonnes motivations de mĂ©chantâ?
Ăa dĂ©pend du type de mĂ©chant que tu veux. Un mĂ©chant bas en sympathie, mais HAUT dans les 2 autres curseurs sera diffĂ©rent dâun mĂ©chant que tu caractĂ©rises juste un peu.
Un mĂ©chant iconique comme Sauron est trĂšs diffĂ©rent dâun autre qui change et lutte comme Golum. Ce dernier change en sympathie et proactivitĂ© au cours de lâhistoire. Pas Sauron.
Mais si tu veux des motivations dâantagoniste qui font sens, tu devras travailler davantage que pour un mĂ©chant comme Sauron. Par exemple Golum : il a une motivation claire : avoir lâanneau. Il a Ă©tĂ© corrompu par lui, et il ne sait pas vraiment pourquoi il le veut, mais IL LE VEUT. Alors il fait des allers-retours, avance dans la bonne direction, puis rĂ©gresse⊠Câest ça qui le rend intĂ©ressant.
Brandon Sanderson trouve intéressant de séparer antagoniste et méchant.
- Un antagoniste est un personnage travaille contre le personnage principal.
- Un méchant est un personnage qui fait explicitement de mauvaises choses.
Et pour avoir un mĂ©chant avec qui on empathies : donne-lui une motivation crĂ©dible et cohĂ©rente, tout comme celle du hĂ©rosâ! Et fais en sorte que ce soit contradictoire, dâune façon ou dâune autre, avec ce que veut le hĂ©ros.
Comment avoir un antagoniste quâil nâest pas intrinsĂšquement malĂ©fique, qui est trĂšs compĂ©tent et proactif, MAIS dont tu nâas pas envie quâil soit aimĂ© par les lecteursâ?
Tu peux le montrer en train de nâĂȘtre ni mĂ©chant ni bonâ;âŻET le mettre en travers de la route du hĂ©ros.
Par exemple, Javert poursuit Jean Valjean parce que câest son mĂ©tier. Il nâest pas volontairement mĂ©chant, mais ne montre aucune pitiĂ© non plus. Donc on ne lâaime pas, jusquâĂ ce quâon lâhumanise un peu.
(OUI, câest lâexemple que prend Brando Sando. JâĂ©tais Ă©tonnĂ© de retrouver mes cours de français đ )
Ăcrire un personnage qui ne comprend pas ses propres motivations OU qui se ment Ă lui-mĂȘme
PremiĂšre façon de faire : montre le personnage principal en train dâĂȘtre proactif dans quelque chose qui nâa rien Ă voir avec lâintrigue globale. Tu va montrer ce dont il a vraiment besoin, tout en faisant dire/penser Ă ton personnage : non, je nâai PAS besoin de çaâ!
Autre façon de faire : avoir un autre personnage, auquel le lecteur fait confiance, qui dit au 1er personnage la vĂ©ritĂ©. Fais en sorte que le lecteur empathies avec cela et que lâon comprenne que le personnage va apprendre et changer.
Fin des questions et du coursâ!
Et oui, câest dĂ©jĂ finiâ! Enfin, tu as eu une sacrĂ©e lecture, tout de mĂȘmeâ! Si tu veux ĂȘtre tenu au courant quand je publierais le rĂ©sumĂ© de la deuxiĂšme partie de son cours, inscris-toi Ă ma newsletter ci-dessousâ!
Et enfin, je te laisse avec lâinfographie rĂ©capitulative, pour tâaider Ă appliquer directement ces conseils dans tes romans.
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2 rĂ©flexions sur “Les secrets de Brandon Sanderson pour des personnages inoubliables : 1/2”
Merci pour cet article Lorenzo ! J’ai trouvĂ© la rĂ©ponse Ă une question que je me posais concernant les dialogues : moins il y a de description + c’est percutant ! Super đ
Ouais, les conseils de Brandon Sanderson câest du lourd ! đ