
L’horreur lovecraftienne est un genre qui découle, comme son nom l’indique, des écrits de HP Lovecraft. On retrouve dans ses écrits l’idée persistante selon laquelle l’humain est un être insignifiant à l’échelle du cosmos.
Cet article fait partie du défi des 52 genres. J’y explique ma compréhension du genre après une seule semaine de recherche : je ne prétends pas être un expert. Les explications sur le défi se trouvent ici.

Dès que j’ai découvert cet auteur, j’ai eu une étrange fascination littéraire pour ses écrits. Penser que l’humain est une chose insignifiante face à des grandeurs inconnues, intemporelles et cosmiques ; qu’il existe des secrets que la raison humaine ne peut supporter ; que les indices sont partout auteur de nous, mais que nous ne les voyons pas.
Encore plus aujourd’hui, à l’ère de la science et de la compréhension de plus en plus poussée de notre univers, de la toute-puissance de l’humanité ; ce genre de fiction vient faire rupture. Il vient mettre l’humain à une place insignifiante. Et ça a… quelque chose de fascinant à mes yeux.
Lovecraft était un être humain dérangé. Il souffrait d’une grande xénophobie, ce qui à cause son racisme − qui se retrouve malheureusement dans ses écrits.
Mais c’est également cette peur de l’autre qui lui a permis de créer de telles œuvres. Ses nouvelles ont quelque chose d’inconfortable aussi parce que Lovecraft nous présente sa vision du monde, celle d’un homme terrifié par l’autre.
Je vais essayer de décomposer ce qui fait l’ambiance si particulière des nouvelles de Lovecraft.

Les nouvelles de Lovecraft se déroulent quasi exclusivement sous forme d’enquêtes ; que ce soit un inspecteur qui relate les faits troublants vis-à-vis d’un meurtre, ou bien un particulier fasciné qui entreprend des recherches sur des secrets qui auraient dû rester cachés.

Au début des textes, il y a toujours un doute. On est face à quelque chose d’à priori normal, mais des faits troublants peuvent faire hésiter.
Et, au fur et à mesure que la nouvelle avance, le doute est de moins en moins permis. Le narrateur, lui, ne doute plus. Mais l’interrogation entre la simple folie du protagoniste et le une réalité secrète et abominable n’est jamais tranchée.
Dans l’horreur lovecraftienne, l’humain n’est pas mis en avant. Il est une petite chose, insignifiante, dans l’immensité de l’univers. Les personnages sont à peine décrits et leurs seuls développements consiste en la lente, mais certaine, descente dans la folie.

Ce qui fait sombrer les protagonistes dans une profonde folie, c’est bien de découvrir des vérités que nul homme ne devrait connaître. Lovecraft insiste souvent sur le fait que ses personnages sont des citoyens robustes d’esprits, dont rien ne pourrait laisser devenir une folie latente.
Mais, confrontés à des abominations venues des étoiles, défiant toute imagination et toutes descriptions, ces derniers tombent irrémédiablement dans la démence. C’est la seule issue, avec la mort, pour les malheureux qui se retrouvent confrontés aux monstres lovecraftiens.
Les monstres de Lovecraft, appelés Anciens, sont des entités indescriptibles, venues des étoiles depuis des temps immémoriaux. Leur seule apparence rend fous les gens qui les côtoient.
Ce sont bien souvent des assemblages abominables de chair, d’yeux monstrueux et de diverses caractéristiques animales, dotés d’une repoussante odeur ; le tout donnant un mélange aussi incongru qu’effrayant.
Pour les fans de jeux vidéos, Darkest Dungeon est un RPG qui donne vie aux monstres lovecraftiens.

Ces terribles créatures sont si anciennes et puissantes qu’elles rendent nos sociétés primitives, en comparaison. Elles existaient bien avant nous et subsisteront bien après.
En plus de leur description si particulière, contrastant avec la vie terrestre classique, d’autres indices nous montrent que ces créatures sont extra-terrestres : leurs noms.

Il ne s’agit que de représentation, dans notre écriture, de son et consonnes qui sont en réalités impossibles à reproduire avec nos cordes vocales. Il suffit de voir comment Lovecraft souhaitait que l’on prononce Cthulhu.

Mais ce n’est pas tout : ces monstres occupent des places de dieux, au sein de cultes aussi anciens de l’humanité, commettant des abominations en leur nom dans l’espoir de les réveiller.
Les fanatiques se livrent à des rituels atroces, à base de nécrophilie, cannibalisme et meurtres abominables.
Les nouvelles de Lovecraft se déroulent souvent dans les mêmes endroits : les villes d’Arkham ou Salem, le port d’Innsmouth…
Ce sont des lieux pleins d’histoires de sorcières, qu’ils soient fictifs ou inspirés de villes réelles.

Les rêves sont importants dans les nouvelles de Lovecraft. Les Anciens endormis s’en servent pour communiquer avec les humains, et influencer les faibles d’esprit − ou ceux qui ont eu le malheur de toucher du doigt une vérité ancienne et cosmique.
Dans ses rêves, le protagoniste voit souvent des cités décrites comme cyclopéennes, aux perspectives impossibles.
Lovecraft fait souvent référence à des mouvements artistiques pour décrire des lieux ou créatures impossibles, qui échappent à nos sens : décadence, cubisme et futurisme.
On retrouve aussi dans ses nouvelles toute une bibliographie, inventée ou inspirée d’anciens ouvrages. Le plus célèbre livre de son œuvre est sans conteste le Necronomicon, quasiment cité dans chacune de ses nouvelles.

Il n’y a jamais d’explication définitive et scientifique à la fin de ses nouvelles. Soit le protagoniste est devenu fou, soit il s’est passé quelque chose de surnaturel. Le parti pris de Lovecraft est que la science ne peut pas tout expliquer.

Est-ce ses phrases à rallonge ? Les termes si particuliers qu’il emploie encore et encore ? Je ne pourrais le dire avec exactitude. Ce qui est sûr, c’est qu’on remarque qu’un texte est lovecraftien. Il suffit de lire quelques-unes de ses nouvelles pour en avoir le cœur net.
Si te veux approfondir, tu peux trouver d’autres tropes sur le site TV Tropes (en anglais). Mais j’ai déjà évoqué ce qui, selon moi, faisait l’essence des textes d’horreur lovecraftienne.
J’ai adoré écrire ce genre de nouvelle. Cette fascination que j’ai en lisant ses nouvelles, je l’ai également en les écrivant. Je connaissais déjà le sous-genre ; et je dois dire que l’horreur et la fantasy sont les deux genres dans lesquels je suis le plus à l’aise, pour le moment.

Les thèmes abordés par Lovecraft sont d’après moi intemporels. C’est pourquoi j’ai décidé que ma nouvelle se déroulerait à notre époque, en 2022.
J’ai essayé de respecter son style, si particulier, tout en modernisant le cadre. Je te laisse à présent avec ma nouvelle ; j’espère qu’elle te plaira !
Avant de la lire, je t’encourage à laisser un commentaire pour me dire ce que tu as pensé du premier article de ce défi. Est-ce que tu aimes le format ? Tu aimerais que certaines choses soient différentes ? Je prends les retours !

Anne Prudent says:
Carrément excellent et flippant cet auteur ! Je testerai une de ces nouvelles, tu as attisé ma curiosité. Je vais commencer par lire l’histoire que tu as écrite. C’est passionnant comme défi, vraiment hâte de découvrir ton travail 🙂 !
Lorenzo VILLARD says:
Merci ! Content de t’avoir entraînée là-dedans 😁